Île-de-France

La région Île-de-France est née du domaine royal constitué depuis le Xe siècle par les rois Capétiens. Étant située en pleine terre, le nom d’« île » de France peut paraître étrange, mais il semble que ce nom désigne la langue de terre délimitée par l’Oise, la Marne et la Seine. Une explication plus historique voit en « Île-de-France » une altération de Liddle Franke, c’est-à-dire « Petite France » en langue franque. Cette région est en effet une des terres d’enracinement du peuple des Francs, depuis leur pénétration en Gaule, lors des grandes invasions. Le nom apparaît pour la première fois en 1387, dans les Chroniques de Froissart, en lieu et place de « Pays de France ».

C’était, sous la monarchie, une province française, administrativement un gouvernement, relevant directement de l’autorité du roi de France. La généralité de Paris, autre entité administrative d’Ancien Régime ayant à sa tête un intendant, avait des limites qui ne coïncidaient pas avec celles du gouvernement.

La foret des vaux de Cernay en Île-de-France

 Île-de-France physique

L’île-de-France n’est pas vraiment une région naturelle elle est plutôt un sous-ensemble du Bassin parisien, tout en possédant quelques caractères particuliers. Située es au centre d’un bassin sédimentaires constitué de plateau ou s’encaissent des vallées. Elle est aussi marquée, du fait de sa situation centrale, par une certaine horizontalité du relief et aussi par une remarquable convergence hydrographique, (Seine, Oise, Marne). Elle est aussi sur le plan climatique, un peu plus sèche et plus chaude que les terres qui l’entourent. La zone plus sèche s’étend du nord-est au sud-ouest vers la Beauce ou elle dépasse largement les limites de la région.
Elle ne possède que la frange septentrionale de la bourse, la moitié du Gatinais et du Vexin, la plus grande partie mais nous on a la totalité de la Brie.

L’aménagement du territoire

La politique d’aménagement du territoire français, développée dans la logique d’un rééquilibrage entre Paris et la province en 1947 a fait du Bassin parisien – hors de l’Île-de-France – une sorte de « no man’s land » entre une région parisienne dont on cherchait à limiter l’extension, et des provinces plus lointaines que l’on voulait aider à se développer. L’institution, à partir de 1955, d’un agrément préalable aux créations ou extensions industrielles en région parisienne et d’un système de primes aux installations dans les régions jugées mériter une aide, laisse sur les cartes, entre les deux, une « tache blanche » qui correspond à l’essentiel du Bassin parisien.

Aux origines de l’Île-de-France

Pourquoi avoir choisi d’appeler le cœur du bassin parisien « Île-de-France » ? France, en référence au « pays de France » fondé par Clovis, c’est-à-dire la terre des Francs. Île, probablement en raison des nombreux fleuves et rivières qui l’irriguent, dont la Seine, l’Oise, la Marne et le Loing, qui semblent l’encadrer.
Si l’Île-de-France ne fut pas réellement considérée comme une province par le passé, son destin étant lié à celui de Paris ou du royaume de France dans son ensemble, les textes anciens révèlent qu’elle était considérée comme une région spécifique dès le XIIe siècle. Ses frontières étaient alors proches de celles de la région administrative actuelle. Mais commençons par le début.

Des sites comme Pincevent (en Seine-et-Marne) ou Étiolles (dans l’Essonne) attestent que l’Île-de-France est sillonnée par des chasseurs nomades dès la fin du paléolithique, vers 13 000 avant J.-C. Ils se sédentarisent sur les bords de Seine au Ve millénaire, développent l’agriculture et érigent, allez savoir pourquoi, de mystérieux menhirs et dolmens en Brie.

Sous l’occupation romaine

Lorsque Jules César arrive en Île-de-France, en 52 avant J.-C., il débarque dans un joyeux bazar. La région est occupée par différents peuples celtes qui cohabitent sans véritable union : les Silvanectes autour de Senlis, les Meldes de part et d’autre de la Marne, à hauteur de Meaux, les Véliocasses dans le Vexin français (à Brivisara, future Pontoise), les Carnutes de la Seine à la Juine, les Senons dans la Brie française, le Gâtinais et au nord de la Bourgogne, tandis que les Parisii squattent une île de la Seine où ils fondent Lutèce.

Jules César a vite fait de soumettre tout ce beau monde, et l’occupation romaine marque le début de la prospérité pour la région. On construit des routes, pratique le commerce fluvial sur la Seine, dynamise la culture et l’élevage. Arrive là-dessus, vers 250 après J.-C., saint Denis, premier évêque de Paris, qui évangélise la région.

Prospérité sous les Mérovingiens et les Capétiens

La domination romaine prend fin avec la victoire de Clovis à Soissons, en 486. Celui-ci étend alors son royaume au sud du bassin de la Seine et fait de Paris sa capitale. Forte de sa nouvelle position dominante, l’Île-de-France se couvre d’importants complexes religieux : abbayes de Saint-Denis et de Sainte-Geneviève, monastère de Jouarre… Une période lumineuse qui se ternit un peu sous le règne des Carolingiens, Charlemagne préférant son fief d’Aix-la-Chapelle à l’ancienne capitale du royaume des Francs.

L’Île-de-France revient au centre du domaine royal sous les Capétiens, à la fin du millénaire. Mais les temps ne sont pas à la fête, les Vikings ayant entrepris leurs virées crapuleuses le long de la vallée de la Seine, et atteignant parfois Paris.
Le traité de Saint-Clair-sur-Epte (911) leur offre la Normandie, et crée par la même occasion une première frontière occidentale pour l’Île-de-France. Elle se matérialise par les fortifications défensives qu’on érige à Étampes, Mantes ou encore La Roche-Guyon.

Les premiers siècles du second millénaire se caractérisent par une période assez prospère, en particulier sous les règnes de Philippe-Auguste (1180-1223) et de Saint-Louis (1226-1270). L’Île-de-France est alors densément peuplée et pratique de riches cultures céréalières, tandis que les coteaux de la Marne et de la Seine sont plantés de vignobles.

En 1137, l’abbé Suger initie à Saint-Denis une véritable petite révolution. En agrandissant l’ancienne basilique mérovingienne, il pose les jalons de l’architecture gothique, bientôt reprise et affinée dans de somptueuses cathédrales en Île-de-France : Chartres, Meaux, Mantes, Poissy… Tandis que les Cisterciens édifient d’importantes abbayes à Royaumont et Maubuisson.

Le temps des épreuves

À partir de 1337, la guerre de Cent Ans inaugure une longue période de troubles, de violences, de pillages et, comme si ça ne suffisait pas, d’épidémies (grande peste de 1348). Paris est la cible de toutes les attaques, mais, forteresse imprenable, elle déverse ses ennemis frustrés sur les campagnes environnantes. La guerre de Cent ans oubliée, c’est au tour des guerres de Religion (1562-1598), puis de la Fronde (1648-1652) de mettre la région à feu et à sang.

De l’Ancien Régime à la Révolution

Sous le règne de Louis XIV (1643-1715), Paris se voit voler la vedette. Le Roi Soleil ayant décidé d’ériger un somptueux château sur son terrain de chasse de Versailles, et de délaisser la résidence royale de Saint-Germain-en-Laye, il déménage du même coup toute sa cour et fait de Versailles, ancien terrain marécageux et inhospitalier, une ville vers laquelle se déplace le centre de gravité du royaume.

Paris reste la capitale administrative, mais en réalité, c’est à Versailles que tout se passe. C’est d’ailleurs là que se tiennent les États généraux en 1789, ceux-là même qui déclenchent la Révolution française.

De la révolution industrielle aux Trente Glorieuses

Le tournant du XIXe siècle annonce une ère de changements en profondeur pour l’Île-de-France. La région est divisée en trois unités administratives : les départements de la Seine (correspondant à Paris et sa périphérie), de la Seine-et-Marne et de la Seine-et-Oise.

Mais les mutations les plus spectaculaires sont induites par la Révolution industrielle, qui change véritablement le visage de la région. L’installation d’usines en périphérie de Paris et le développement du chemin de fer, qui rapproche la capitale des villes voisines, entraînent la formation de banlieues ouvrières où convergent les Franciliens.

L’exode rural et la démographie galopante entretiennent ce phénomène de remplissage des banlieues, dont le bétonnage s’accélère encore au XXe siècle. Les communes excentrées conservent quant à elles un aspect rural, cependant menacé par l’extension de l’urbanisation de la périphérie de Paris. De cités ouvrières en cités-dortoirs, il n’y a que quelques dizaines de kilomètres. Des millions de Franciliens font désormais chaque jour le trajet entre leur domicile et leur travail à Paris, à La Défense ou dans d’autres communes limitrophes.